Pica Cosimo

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Thèse Lien vers la thèse

Directeur(s) de thèse: Erdi Gülçin

Construction identitaire nationale en Turquie au prisme des migrations internationales (2011-2023) et de l'espace vécu : Cas des quartiers nord-ouest de Beyoğlu (Istanbul) et du quartier Örnek (Ankara)

Résumé:
L’intérêt divers que suscite aujourd’hui la question migratoire trouve ses racines dans les usages politiques des notions comme « l’identité nationale » ou « les valeurs nationales ». Depuis plusieurs décennies, de nouveaux discours identitaires notamment dans les pays d’immigration européenne bâtissent un récit politique fondé sur l’impossibilité que les migrants ne deviennent pas membres des sociétés nationales. Or, en Turquie, l’immigration est actuellement un phénomène souvent manipulé par le gouvernement, qui le promeut et s’y oppose selon différentes phases et stratégies politiques, dans un contexte d’hostilité croissante de la population envers les migrants. La problématique de ma thèse est d’analyser comment les migrants internationaux contribuent à façonner la perception de l’identité nationale à partir de l’espace vécu des quartiers où ils se sont installés et dans lequel se produiraient l’érosion, la recompositions et l’évolution des récits officiels. L’objective est de relier les processus migratoires et la construction de l’identité nationale, d’un point de vue spatial. Comment expliquer la place des migrants internationaux dans le processus de construction identitaire dans une société recevant depuis peu des migrants alors que c’était une société fortement émigrante? Quelle est le rôle de ces migrations récents dans un pays comme la Turquie où la question démographique et les politiques de peuplement ont toujours été au centre de conflits politiques et sociaux majeurs autour de la définition de l’identité nationale? En étudiant le processus de construction identitaire, on ne peut manquer de prendre en compte l’importance de la dimension spatiale, qui non seulement définit les limites territoriales d’une nation, mais co-produit aussi les pratiques, les symboles et les représentations qui marquent les frontières morales et les valeurs de l’appartenance nationale. Dans ce processus socio-spatial comment le sens de communauté et d’appartenance évoluent-ils dans les quartiers où cohabitent différentes communautés de migrants? Je propose d’étudier la période qui va de 2011 à nos jours, où la Turquie est devenue un acteur central dans la gestion des migrations internationales en particulier suite à la crise humanitaire causée par la guerre civile en Syrie. J’analyse dans quelle mesure les migrations ont affecté la construction identitaire et la définition de la citoyenneté en Turquie à partir d’une étude de cas des quartiers de nord-ouest de Beyoğlu à İstanbul et d’Örnek à Ankara, où la stratification historique des différentes vagues de migration a considérablement affecté le tissu socioculturel et ethnique. J’analyserai la dimension spatiale de la migration, et la relation entre les espaces, les migrants et les constructions identitaires qui se mettent en place et se confrontent dans ces quartiers multiethniques.

EMAM
Doctorant