Foucher Adrian

foucher.adrian@gmail.com

Directeur(s) de thèse: Lavergne Marc

Date de soutenance : 02/10/2023

"Quand l'humanitaire passe entre les mains du gouvernement : Humanitaire d'État et et exils syriens en Turquie - un essai de géographie emphatique"

Soutenance prévue lundi 2 octobre 2023

Parfois décrit comme la plus importante crise humanitaire du 21e siècle, le conflit syrien a engendré depuis son avènement en 2011 le déplacement forcé de plus de 13 millions de personnes : la moitié en interne, l’autre vers l’extérieur du pays, principalement vers les espaces limitrophes de la Syrie et plus particulièrement vers la Turquie. Dès les premiers jours du conflit, Ankara a mené une politique dite de porte-ouverte, a procédé à l’installation de camps et qualifié publiquement les Syriens d’« invités » (misafir) sur son territoire. Une ouverture qui, à partir de 2013, ne suffit toutefois plus. Face à l’arrivée croissante des Syriens et à la perspective de voir le conflit perdurer, le gouvernement turc s’adapte et met en place un système d’accueil qualifiable de « généreux » et « performant ». Alors que les Syriens accèdent gratuitement aux hôpitaux et aux écoles turques, le pays, à partir de 2014, apparait dans les classements du HCR comme la première terre d’accueil au monde pour les réfugiés. Mais cette politique n’est pas sans ambiguïté : Ankara, si elle se targue de sa bienveillance et de sa générosité est également belligérante du conflit en cours. Conduit de manière empirique et à partir d’enquêtes ethnographiques in situ, cette thèse, située entre le témoignage, l’essai et une réflexion de nature universitaire, cherche à décrire la vie d’exilés syriens au sein du système d’accueil mis en place par Ankara, à analyser la construction et la mise en place du système d’accueil et à réfléchir à la façon dont les exilés peuvent être employés comme une « ressource » politique entre les mains d’un gouvernement. De manière plus large ce travail, à travers l’étude du cas turc, vise à illustrer les risques et les enjeux de voir passer l’humanitaire entre les mains d’un gouvernement.

EMAM
Ancien doctorant