ANR (2019) FRAL – Programme franco-allemand en Sciences humaines et sociales
ANR COENOTUR
Equipe française
- Université de Tours : Elisabeth Lorans, Thomas Creissen, Bruno Dufaÿ, Olivier Marlet, Rémi Ossant, Thomas Pouyet, Xavier Rodier, Claude Schadeck, Gaël Simon.
- Archives départementales d’Indre-et-Loire : Isabelle Girard, Lydiane Gueit-Montchal.
- Bibliothèque municipale de Tours : Régis Rech.
- IRHT : Jean-François Goudesenne, Gilles Kagan, Hanno Wijsmann.
- Aix-Marseille Université : Jean-Hervé Foulon.
- Sorbonne Université : Claire Lamy.
- Université d’Orléans : Chantal Senséby.
- Monastère Saint-Martin de Ligugé : Lucien-Jean Bord, Frédéric Gross.
Equipe allemande:
- Université de Hambourg: Philippe Depreux, Zina Cohen, Matthew Munson, Jérémy Winandy.
- Université de Stuttgart : Mark Mersiowsky.
Le projet Coenotur porte sur les rapports entre les communautés religieuses de Tours revendiquant l’héritage de saint Martin (Marmoutier, la communauté fondée par lui, et Saint-Martin, celle rassemblée autour de sa sépulture), entre synergie et concurrence, et sur leurs réseaux. Il a pour objectif d’étudier les rapports de ces communautés de statut divers, voire fluctuant (canonial ou monastique), entre elles ainsi que leurs rapports avec les établissements fondés dans leur mouvance (Saint-Julien, Cormery, Saint-Cosme et Beaumont-lès-Tours) et avec l’archevêque et le chapitre cathédral (Saint-Maurice), tant du point de vue institutionnel qu’en ce qui concerne les aspects sociaux, religieux, culturels, topographiques et architecturaux. Les communautés tourangelles offrent l’occasion unique d’observer dans la longue durée, depuis l’Antiquité tardive jusqu’au Moyen Âge central, les transformations du cénobitisme occidental et leurs implications à l’échelle d’une microsociété polycentrique en milieu urbain et suburbain.
Ce programme est décomposé en trois axes interconnectés qui font tous appel à une grande diversité de sources et de méthodes d’analyse. Tout d’abord, l’étude des relations entre Saint-Martin et Marmoutier, qui suppose un réexamen critique de l’ensemble des témoignages écrits datant du haut Moyen Âge et de la production des scriptoria tourangeaux, permettra de reconstituer la séparation institutionnelle entre ces deux communautés au cours du Xe s. Ces dernières ont développé des réseaux de relations d’ordre divers (institutionnel ou amical) avec d’autres établissements : on étudiera les divers témoignages (notamment architecturaux, liturgiques et diplomatiques) des communautés martiniennes et des membres de leurs réseaux pour mieux apprécier l’impact social, cultuel et culturel des choix en matière de vie cénobitique. En effet, les différences se sont cristallisées principalement autour des manières de pratiquer la vie cénobitique, notamment lors de la réforme monastique du Xe s. et de la réforme grégorienne des XIe– XIIe s. Dans ce contexte, Marmoutier s’impose comme le « Cluny de l’Ouest ». L’étude des bâtiments conventuels est l’occasion d’un réexamen des pratiques monastiques du grand établissement ligérien et du discours d’excellence que les moines y ont développé : c’est pourquoi le projet prévoit une analyse du cas de Marmoutier.
Le programme aboutira à la production de bases de données textuelles et de SIG en ligne et à la publication d’articles, d’une édition critique avec traduction des sources narratives et d’un ouvrage de synthèse (tous deux en coédition). La numérisation de nombreux manuscrits permettra la constitution d’une bibliothèque virtuelle des fonds tourangeaux accessible aux chercheurs et au grand public. Une vidéo rendra compte des transformations architecturales de l’église abbatiale de Marmoutier entre le Xe et le XIIe s. et un disque sera produit pour faire connaître les œuvres liturgiques alors chantées dans ce monastère.