Cet axe s’intéresse aux processus de socialisation, en particulier à la manière dont les différentes formes de transmission de normes, de savoirs et de ressources s’inscrivent différemment selon l’environnement social, les territoires d’ancrage et les temporalités des individus. Il porte une attention soutenue aux confrontations entre les savoirs, pratiques, ressources et logiques institutionnelles propres à chaque groupe social, et aux formes de lien social qui leur sont attachées. Ces confrontations contribuent à transformer les cadres d’action et de pensée (politiques, territoriaux, cognitifs, biographiques, etc.) dans lesquels agissent les individus. L’objet de cet axe est donc de voir comment ces confrontations ou rencontres, récurrentes dans la vie sociale, bousculent les normes et les valeurs définissant les frontières entre ces groupes, et entre leurs univers ou logiques de pratique. L’enjeu est de comprendre comment confrontations et rencontres (re)configurent les partages sociaux, (re)définissent les trajectoires ou les territoires, modifient les rapports au savoir, à la ville, au travail, entre les générations. De ces entrecroisements entre logiques sociales différenciées résultent des tensions, des écarts, des contradictions qui, sans se jouer nécessairement sur le mode de la crise ou du conflit (relationnel, dispositionnel, culturel), s’objectivent dans des formes d’imposition et de résistance, des malentendus, des épreuves ou des disqualifications, qui sont eux-mêmes générateurs de social. Aussi ces confrontations interrogent-elles, dans l’espace des processus qu’elles engendrent, non seulement les modalités par lesquelles des logiques sociales s’imposent aux individus ou aux groupes, mais également les manières par lesquelles ces derniers se réapproprient, à partir de leurs ressources et habitudes propres, ne serait-ce qu’en les détournant, des logiques sociales qui leur sont plus ou moins extérieures. Les recherches de l’axe se retrouvent d’abord autour d’un mode de questionnement sur le social et la façon dont il se fait. Leurs disciplines (sociologie, anthropologie, démographie) et leurs terrains sont variés et s’organisent principalement autour de trois questionnements :
– Rapports éducatifs, place et emprise croissante du mode scolaire de socialisation.
Il s’agira de voir comment ce mode scolaire, forgé dans l’histoire de l’école occidentale et portée depuis par de grandes institutions internationales, est à l’origine de normes transnationales et transversales à différentes sphères de la pratique sociale, lesquelles produisent par là même un champ d’intervention institutionnel, des savoirs spécialisés et des professionnels (enfance et petite enfance, santé, parentalité, famille, etc.) qui œuvrent à la fois à l’extension des normes éducatives et visent à prendre en charge, à modifier ou à encadrer les pratiques de ceux qui s’en écartent.
La place et le rôle des relations aux proches à des moments charnières des temporalités sociales (entrée dans la vie active, premier enfant, retraite, vieillissement) en fonction des positions sociales, des rapports sociaux de sexe et des territoires de vie. A partir de démarches articulant matériaux biographiques, données qualitatives et quantitatives longitudinales, les recherches aborderont des questions autour des processus de vieillissement (individuel et démographique), des solidarités intergénérationnelles, des mobilités résidentielles, des relations intergénérationnelles autour de l’enfant, des reconfigurations de sociabilités lors de l’entrée et de la sortie de la vie active.
– Les modes d’inscription dans l’espace des classes populaires et la manière dont elles mobilisent (ou pas) des ressources et des savoirs spécifiques
Ces dimensions sont notamment travaillées à partir des lieux de résidence passés ou présents, ceux où les individus se déplacent ou sont déplacés ou dans l’espace même de cette mobilité. Une attention particulière est consacrée aux effets de ces inscriptions sur la structuration et les transformations des espaces populaires. Le regard est ainsi porté sur les délimitations identitaires d’espaces habités/habitables qui résultent du travail effectué par les différentes sphères de socialisation et sont construites par les politiques publiques.