« Sophie Caratini. Entretien avec Alain Morel », collection « L’Ethnologie en héritage », n°29, réalisateur : Gilles Le Mao, producteurs : Gilles Le Mao & Stéphane Jourdain/La Huit, 2024, 150 min.
Présentation de l’entretien :
Sophie Caratini avait 20 ans en 1968. Inscrite en lettres à Nanterre, elle découvre la linguistique, Marx, et les bidonvilles maghrébins. Elle opte alors pour l’ethnologie. Son travail d’immersion chez les grands nomades Rgaybat du Nord-ouest saharien, qu’elle rencontre à un moment de basculement de leur histoire, l’amène à intégrer la question du temps à côté de celle de l’espace. Elle découvre ce faisant l’importance de l’inégalité des frères au sein de la société tribale, et renouvelle l’interprétation anthropologique du « mariage arabe ».
Après avoir dirigé sept ans la section d’ethnologie de l’Institut du monde arabe et publié le récit de son expérience du terrain, elle entre au CNRS en 1993 avec une interrogation centrée sur la relation entre le soi et l’autre. Elle enquête à Tindouf sur les effets de la guerre de libération sahraouie et entreprend une vaste fresque littéraire sur la mémoire du rapport coloniale franco-maure, élaborée à partir de récits recueillis auprès d’un ancien officier français, d’une femme maure et d’un paysan peul ancien « tirailleur ». Elle étudie également en Mauritanie le rapport institué par les agents de « l’aide au développement » et, incluant de manière réflexive la pratique de l’anthropologie dans la question, elle publie un livre devenu un classique de la discipline qui dévoile les non-dits de l’anthropologie.