Nous remontons ce soir au Moyen Âge avec Frédéric Épaud, archéologue, chercheur au CNRS, pour déconstruire les mythes autour des charpentes médiévales, notamment à travers celles de la cathédrale de Bourges, et de Notre-Dame de Paris.

Spécialiste d’histoire et d’archéologie des charpentes médiévales, Frédéric Epaud dénonce quelques idées reçues sur le temps et les techniques des chantiers des cathédrales, où il apparaît que l’immense forêt n’est pas plus grande qu’un bois…

“Il faut être confronté à la matérialité de la charpente, à ses bois et être vraiment au plus près des bois, pour pouvoir enregistrer toutes les traces archéologiques qui permettent de renseigner sur les techniques de mise en œuvre, mais aussi sur les forêts qui ont été exploitées pour l’approvisionnement du chantier. […] Il y a deux orientations possibles à travers l’étude d’une charpente, c’est de retrouver les hommes qui les ont façonnées, mais aussi de retrouver les forêts qui sont à l’origine de ces structures.”

“Les gestes des charpentiers du XIIIe siècle, on peut les retrouver, ce sont exactement les mêmes que ceux qui étaient encore utilisés au début du XXe siècle par des charpentiers traditionnels. Les techniques d’exécution, de taille, d’assemblages, de piquage, sont quasiment universelles. Les gestes n’ont pas évolué d’un pouce, depuis le Moyen Âge jusqu’au XXe siècle.”

“Et c’est justement à travers cette technique d’équarrissage à la main qu’il faut envisager le chantier de Notre-Dame, puisque ça permettrait de revaloriser ce savoir-faire traditionnel qui est aujourd’hui en voie de disparition. Et justement, il est nécessaire que les chantiers des monuments historiques permettent de sauvegarder et d’entretenir aussi ce savoir-faire technique. On le fait très bien à travers les vitraux, à travers la taille de pierre et il serait nécessaire aussi que le métier de charpentier puisse conserver son savoir-faire technique traditionnel à travers ce chantier de monuments historiques, et notamment à travers celui de Notre-Dame.”