Débuté en 2000.
Qu’est-ce que l’archéozoologie ?
L’archéozoologie est une des méthodes naturalistes qui participent à l’archéologie et à l’histoire. Cette discipline, intégrée dans le cortège des approches archéologiques et historiques, unit les sciences de la vie et les sciences humaines. Son principal matériel d’étude est constitué des restes squelettiques animaux issus des sites archéologiques : les ossements de mammifères, les arêtes de poissons et les coquilles de mollusques. Ces ossements animaux constituent une source d’information privilégiée pour accéder à l’histoire des relations entre les sociétés humaines et les animaux tout au long de la préhistoire et de l’histoire, car les utilisations matérielles, économiques, sociales et spirituelles du monde animal traduisent les comportements profonds des sociétés.
L’étude de faune passe par différentes étapes techniques (détermination, caractérisation morphologique des espèces, démographie des populations animales…), mais l’étape essentielle du travail de l’archéozoologue consiste à établir une liste quantifiée des groupes zoologiques représentés dans l’ensemble faunique. Cette démarche met en œuvre des techniques de détermination, de caractérisation zoologique et de quantification.
La détermination se fait par une reconnaissance visuelle des restes, fragments de pièces anatomiques dont la forme est déterminée génétiquement et ne varie pas en dehors d’un intervalle étroit propre à l’espèce. Elle se fonde sur le principe d’homologie, selon lequel la forme et la structure des os et les dents diffèrent d’une espèce à l’autre et restent constantes à l’intérieur d’une même espèce malgré une variabilité individuelle. Il s’agit donc de repérer les caractéristiques de l’ossement ou du fragment d’ossement qui permettent de l’attribuer à telle ou telle espèce. Cette détermination est fondée sur l’anatomie comparée définie par Cuvier en 1829 comme » l’étude des lois de l’organisation des animaux et des modifications que cette organisation éprouve dans les diverses espèces « . Elle nécessite donc un long travail pour comparer un à un les restes osseux issus des fouilles archéologiques avec des squelettes de référence pour déterminer quelles sont les espèces animales en présence.
Osthéothèque de la MSH de Tours
Depuis 2000, avec le concours de l’INRA de Tours-Nouzilly, du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et le soutien de la Région Centre, le Laboratoire Archéologie et Territoires a constitué une collection de référence pour l’enseignement et la recherche en archéozoologie. Elle est abritée au sein de la Maison des Sciences de l’Homme de Tours (Université de Tours et CNRS) et fait partie des ressources en recherche offertes par cette MSH.
Ce pôle de recherche en archéozoologie concerne la France pour les périodes récentes incluant le Néolithique, les âges des métaux, la période gallo-romaine, le Moyen Age et la période moderne. Il permet de former, tous les ans, plusieurs étudiants de deuxième et troisième cycle, l’encadrement étant assuré par différents enseignants-chercheurs et chercheurs du Laboratoire Archéologie et Territoires. Il accueille aussi les étudiants de licence d’archéologie pour un stage de cinq jours et ceux du Master européen » Histoire et Cultures de l’alimentation » venus de Barcelone ou de Bologne, pour une initiation à l’archéozoologie et ses méthodes.
Cet investissement dans le développement de l’archéozoologie nationale se fait en étroite collaboration avec l’UMR 5197 Archéozoologie, histoire des sociétés humaines et des peuplements animaux à laquelle plusieurs membres du LAT sont associés. Il s’inscrit dans le programme ANR BIOARCHEODAT : » Human societies, practices and environment: data and results of the French metropolitan archaeozoology and archaeobotany : Sociétés, pratiques et environnement : données et résultats de l’archéozoologie et de l’archéobotanique métropolitaines » dirigée par Jean-Denis Vigne (CNRS) et lancée en avril 2008. Le LAT est partenaire du projet et Marie-Pierre Horard-Herbin représentera l’équipe au sein du comité de pilotage.
Quelle est la composition de la collection de l’osthéothèque de Tours ?
Pour exercer l’archéozoologie, il est absolument nécessaire de disposer d’une collection ostéologique de référence, c’est à dire d’une » bibliothèque d’os » permettant de déterminer les espèces retrouvées en contexte archéologique.
On trouve ainsi à Tours une collection de comparaison de base (environ 180 squelettes), c’est-à-dire comprenant les espèces sauvages et domestiques les plus courantes (mammifères domestiques et sauvages, des oiseaux, poissons, amphibiens et reptiles) en France pour les périodes récentes (de 5000 avant J.-C. à nos jours), ce qui permet de traiter la grande majorité des mobiliers fauniques exhumés sur les sites allant du Néolithique à la période moderne (la collection de poissons est en cours de constitution).
Certains de ces squelettes ont été offerts ou prêtés par différents laboratoires français (Muséum d’Histoire naturelle de Paris, Maison de la Loire) ou étrangers (Ostéothèque de Montréal au Canada), la grande majorité provenant de contrats en collaboration avec la station de Physiologie de la Reproduction des mammifères Domestiques de l’INRA de Tours-Nouzilly, et avec le Muséum d’Histoire naturelle de Paris pour lesquels nous avons bénéficié d’un financement de la Région Centre.