Les recherches rassemblées sous cet axe portent sur des objets habituellement traités dans des champs d’études séparés (ville, ruralité, politiques environnementales, patrimonialisation, migrations et mobilité) en se fixant comme objectif de penser l’espace, et plus spécifiquement les pratiques sociales et les politiques qui contribuent à la production et à la transformation des espaces. La proposition de cet axe est d’éclairer, à partir d’une pluralité de questionnements, les rapports entre les politiques et les pratiques de l’espace, en étudiant notamment la manière dont les normes sont mises en œuvre, travaillées et mises à l’épreuve par les pratiques sociales, et comment cette articulation entre normes, politiques et pratiques contribue à la production et à la transformation des espaces.
Cette proposition entend ainsi poursuivre la réflexion épistémologique et méthodologique engagée par les membres de l’axe dans le précédent contrat [3] , tant sur les catégories de description et d’analyse de l’espace que sur ses échelles, en mettant en débat les cadres théoriques disciplinaires (issus de la sociologie, de l’anthropologie et de la géographie), les terminologies utilisées (espace, territoire, mobilité, déplacement, mouvement etc.) ainsi que les catégories d’analyse mobilisées (les politiques territoriales, les mobilités quotidiennes, le patrimoine etc.). Ce projet scientifique se déclinera autour de trois approches principales, considérées comme complémentaires dans la mesure où elles éclairent différentes facettes des relations entre politiques, pratiques et espaces :
– L’analyse des producteurs et opérateurs de l’espace, publics comme privés
Cette approche se centrera sur l’étude de certaines actions publiques (urbaine, patrimoniale, environnementale, etc.), sur leurs effets sur les espaces et sur les pratiques. Elle portera aussi sur les opérateurs de ces actions et les professionnels de la production de l’espace (par ex. les « entrepreneurs de métropoles »). Elle interrogera la manière dont les institutions (différentes instances sociales) organisent l’espace et ses usages et s’intéressera plus précisément aux différentes formes de régulations urbaines et territoriales mises en œuvre à différentes échelles, au travers de dispositifs de gestion (gestion de l’eau, gestion des déchets notamment) et de l’usage du droit (droit de propriété notamment).
– Le rôle des pratiques (ordinaires ou quotidiennes) dans la reconfiguration des espaces et les relations à l’espace
Une autre hypothèse sera travaillée au sein de cet axe, selon laquelle les pratiques quotidiennes sont génératrices d’espaces (par la médiation du corps). L’appropriation sera considérée ici comme une des modalités de cette relation. Ces questionnements, abordés à partir d’une diversité de contextes de recherche, s’appliqueront par exemple aux relations de voisinage et à leur dimension genrée ; aux espaces de la mobilité quotidienne ; aux pratiques ludique de l’espace virtuel.
– Le rôle des déplacements et des migrations dans les dynamiques socio-spatiales
Une troisième approche interrogera plus spécifiquement le rôle des déplacements dans les dynamiques socio-spatiales et les effets des phénomènes migratoires sur la transformation des espaces. Ces questionnements seront abordés à partir de différents terrains (au Nord et au Sud) à l’échelle des espaces de départ et d’arrivée. Ils traiteront des déplacements forcés de populations rurales dans des espaces soumis à de fortes contraintes environnementales et des mobilisations mémorielles et patrimoniales liées aux migrations dans les sociétés d’accueil. Il s’agira de saisir ici les relations entre des pratiques qui articulent des espaces multiples (ou des formes d’ancrage originales), des engagements dans des actions d’intérêts collectifs et la construction d’un espace social et politique.
Les travaux relatifs à ces quatre axes de recherche s’inscriront à des degrés divers dans les cinq domaines de recherche de l’UMR Citères : recherche urbaine (modes d’habiter, divisions sociales de l’espace, mobilisations urbaines, actions publiques urbaines) et recompositions sociales, mais aussi : environnement, au travers de l’étude de politiques publiques relevant de cette thématique ; patrimonialisation, activités mémorielles et protection du patrimoine urbain ; territoire, territorialité, territorialisation.