6 septembre 2022
Tourangelle, Sophie Caratini, vient de publier Les Enfants des nuages, une ethnologue dans la tourmente saharienne.
La chercheuse y raconte son expérience chez les Rgaybat, derniers grands nomades chameliers mauritaniens, tout en revenant sur ce qui fut l’expérience fondatrice de sa carrière d’anthropologue et de sa vie de femme.
Directrice émérite au CNRS – à 45 ans, en 1993, elle a intégré celui d’Indre-et-Loire – elle est spécialiste des sociétés de l’ouest saharien comme en attestent de nombreuses publications.
« Des histoires qui se lisent comme un roman »
Son livre, paru en août, est en fait une seconde version, plus longue (546 pages) et plus précise, « avec des vrais noms », d’une première publication en 1993. « Ce sont des histoires vraies qui se lisent comme un roman », précise celle qui, à 20 ans, étudiante en 1968 à Nanterre, avait « le fantasme du nomadisme » et s’était retrouvée, après avoir étudié l’arabe pendant un an, en 1974 en Mauritanie.
Ce premier voyage l’a confronté aux campements nomades, aux « grands moments que réserve le désert » mais aussi à la rencontre inattendue des jeunes fondateurs du Front de libération du Sahara Occidental, le fameux Polisario, dont elle a même été suspectée d’être une agente.
Ethnologie et, malgré l’ethnologue, politique sont donc en toile de fonds des Enfants des nuages, ainsi dénommés car les Rgaybat suivent les nuages dans le désert pour leurs animaux. « Avant 70 % étaient nomades, aujourd’hui ils sont 5 %. »
Une personnalité singulière – « C’est l’humain qui m’intéresse. Faire avec les gens et non pas sur les gens » –, un vécu non-ordinaire, un père qui a lui seul a écrit les 21 tomes du dictionnaire Bordas et l’adoubement de Claude Lévi-Strauss, avec lequel elle correspondait, qui lui avait écrit : « Vous avez un don rare, même parmi les ethnologues : vous savez voir… » Autant d’arguments pour lire ce livre même si l’on ne s’intéresse pas à la culture bédouine.
« Les Enfants des nuages, une ethnologue dans la tourmente saharienne ». Éditions Thierry Marchaisse. 25 €.